Les Délaissés : trois blogs pour une seule histoire, vue par trois personnages différents. Les trois blogs peuvent se lire séparément.
Voici l'histoire de Lu.
L'histoire de Camille est accessible en cliquant sur le lien ci-contre : Les Délaissés 1, celle d'Iris ici : Les Délaissés 3
On consultera d'autre part avec profit L'encyclopédie des Délaissés
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire, L'agrégonaute et Le valet de carreau

mardi 21 mai 2013

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Deux jours plus tard, nous avons terminé. Les belles planches fraîchement sciés soigneusement arrimées sur le plateau du char, nous nous apprêtons à retourner au château. J'en éprouve une légère appréhension, doublée de remords. Envers qui, les remords ? Envers Catherine que, par deux fois, je viens de tromper de manière éhontée ? Ou bien envers Mario, dont la douceur et la patience n'ont d'égal que l'amour sincère qu'il me voue. Ferai-je donc toujours le malheur de tout le monde ? Mais est-il malheureux, seulement, Mario ? Comme d'habitude, il n'en montre rien, sous l'épaisse couche de gentillesse qui l'habille comme une armure. Une armure contre laquelle je me romps et me rends. Une forteresse dont il me tend la clé. Une clé, que je ne sais pas saisir. Ont-ils, à l'extérieur, les mêmes histoires que nous ? Nous vivons ici, soi-disant, comme des coqs-en-pâte. Sans horaires ni chefs ni fumées ni lois. Tout ce dont, depuis toujours, on m'a dit tant de mal, tout ce qu'on m'a toujours présenté comme un enfer. Nous ne vivons pas comme ça, nous, pas comme eux. Nous sommes heureux, nous, il faut s'y faire, et se le répéter chaque jour, dès le réveil. Nous sommes heureux. Nous ne connaissons pas notre bonheur.

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