Les Délaissés : trois blogs pour une seule histoire, vue par trois personnages différents. Les trois blogs peuvent se lire séparément.
Voici l'histoire de Lu.
L'histoire de Camille est accessible en cliquant sur le lien ci-contre : Les Délaissés 1, celle d'Iris ici : Les Délaissés 3
On consultera d'autre part avec profit L'encyclopédie des Délaissés
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire, L'agrégonaute et Le valet de carreau

samedi 23 novembre 2013

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"Viens avec nous, Lu. Nous aurons besoin de ton habitude de la forêt, de ton expérience...
- Réza connaît aussi bien la forêt que moi, tu sais..."
Il se tait, la tête entre les mains, puis, absent, se remet à parler, comme pour lui-même.
"On ne va pas se laisser tondre... C'est nous qui, en grande partie, avons créé cet endroit. On y a cru, on s'est battu pendant des années pour parvenir à vivre ici, en paix, loin de tout ce que nous haïssions... L'argent, la propriété, les armes... Dieu... enfin tout, quoi. Nous y avons cru et nous y étions parvenus, je crois. Toutes ces années... Et puis voilà que tout recommence. En quelques mois, tout recommence... Mais il faut qu'ils sachent, tous, Justice, Sergi, Anne, tous... Il faut qu'ils sachent qu'ils ne nous auront pas. Ils peuvent avoir tout le reste, ce château, les terres, tout ce qu'ils veulent, mais ils ne nous auront pas. Nous vivrons encore, loin d'eux, loin des lois qu'ils veulent nous imposer. Nous n'avons rien à perdre que notre confort, après tout. Et peut-être nous sommes nous finalement trop reposés sur notre confort..."
J'ai posé mes mains sur les siennes. Elle sont chaude et rugueuses.
"Et les autres ? Qu'est-ce qu'il en pensent ?
- Les autres..." répond-il avec un sourire d'amertume, "pour les autres, on est des déserteurs. Des capitulards, si tu préfères. On fuit la réalité plutôt  que de l'affronter en face... enfin, tu imagines...
- Et eux ? Ils comptent résister ?
- Tu veux que je te dise ? Je ne leur donne pas deux mois avant de baiser les pieds de Sergi pour se procurer des armes à leur tour. Ou bien ils paieront la taxe, comme tout le monde, pour avoir la paix."


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