Les Délaissés : trois blogs pour une seule histoire, vue par trois personnages différents. Les trois blogs peuvent se lire séparément.
Voici l'histoire de Lu.
Voici l'histoire de Lu.
L'histoire de Camille est accessible en cliquant sur le lien ci-contre : Les Délaissés 1, celle d'Iris ici : Les Délaissés 3
On consultera d'autre part avec profit L'encyclopédie des Délaissés
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire, L'agrégonaute et Le valet de carreau
On consultera d'autre part avec profit L'encyclopédie des Délaissés
Et aussi (dans un autre registre) : dOg, Du sarin dans le plastibulle, On verra bien, La brosse à reluire, L'agrégonaute et Le valet de carreau
dimanche 15 décembre 2013
1117
Corentin sourit de toutes ses dents, tel un gros chat de Cheshire. Si elle avait un peu plus de lettres, cela ne devrait pas rassurer Justice. Bientôt le chat s'effacera, disparaîtra, ne laissera derrière lui que ses dents, pointues et redoutablement moqueuses. Justice ne sait rien de ce qui l'attend. Moi non plus et c'est sans doute préférable. Pour l'heure elle sourit, elle aussi. Tout le monde sourit, et tous ces sourires en éclatantes demi-lunes illuminent la nuit tombante. Ils flottent en l'air, à hauteur d'homme, de femme et d'enfant, se renvoient l'un à l'autre une blancheur gelée qui donne envie de mordre. Seule je ne souris pas car mon amour n'est pas là. J'ai les mains chaudes. Je les aurais posées sur ses seins. Je ne souris pas, je n'ai pas envie qu'on me voie. Je ne souris pas, je vis, je bouge quand tout le monde est figé. Je me faufile au milieu d'un peuple de statues souriantes. Où sont mes amours ? Où est Chloé ? Où est Catherine ? Où sont Liseron, Lisbeth, Manon, Milka, Virginie, délurée et honteuse de ce que nous faisions, Minne et Haha que j'embrassais tour à tour à treize ans ? Où sont mes démons ? Où sont-ils ceux qui m'ont violée, ceux qui m'ont battue et ravagée ? Vous, je ne dirai pas vos noms, vous êtes morts. Je ne vous ferai pas revenir, vous êtes morts. Je vous échappe. Pour toujours je vous échappe. Je ne souris pas, je suis une souris, accouchée d'une montagne et je vais rejoindre son ventre. Te voilà, petit renard ? Te voilà enfin ? Montre-moi, mon guide, montre-moi, je te suis.
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